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très digne, mais il faut attendre que Dieu ait formé des cœurs
pour l’établir, elle est plus grande que l’on ne croit, et il faut de
la vocation pour cela ; il ne faut donc pas y penser pour cette
heure
.
Je luis demandai son avis un jour sur une double obéissance qui
m’était proposée, dont l’une semblait contraire à l’autre, sur quoi
j’avais peine à me déterminer ; elle me fit cette sage et prudente
réponse.
Mon père, nous avons bien offert au très Saint Enfant
Jésus, et à la très Sainte Vierge, tout ce que vous prenez la peine
de nous mander, il ne me donne rien, sinon que vous suiviez
l’inclination du Révérend Père Général, où vous jugerez qu’il
vous désire, c’est où vous rencontrerez plus véritablement le
Saint Enfant Jésus, où vous trouverez plus de repos : Je le
supplie de vous donner grâce pour faire sa très sainte volonté
en tout.
Elle m’écrivit en cette sorte sur une peine intérieure qui me
travaillait :
Mon père, le Saint Enfant Jésus soit la seule vie de
votre âme, nous avons reçu ce matin votre lettre, et avons
communié pour les intentions et pour les sujets, dont vous avez
pris la peine de nous écrire. Je crois que le Saint Enfant Jésus
aura très agréable, que vous mettiez tout ce que vous êtes à ses
pieds, et que vous soyez plus attentif à lui et à son amour sur
votre âme qu’à tout le reste. Il désire de vous, mon père, une
grande dés-application et séparation de vous-mêmes, et que
vous commenciez la pénitence extérieure pour celle de l’esprit
intérieur d’une mort entière à vous-mêmes pour ne vivre que de
la divine vie du Saint Enfant Jésus, qui vient naître pour nous
.