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Lorsque la bonne sœur dressa la pratique excellente de dévotion
envers la famille de l’Enfant Jésus, j’avais grand désir qu’une
bonne âme que je confessais y fût associée, et n’osant par respect
la proposer, j’allai demander au Fils de Dieu cette grâce pour elle.
Au bout de trois ou quatre jours, sans que j’en eusse rien
témoigné, sœur Marguerite m’envoya un chapelet pour associer
cette bonne âme, je le lui donnai aussitôt, et il se trouva que cette
personne étant alors affligée de grandes peines d’esprit, en fut
délivrée au moment qu’elle reçut le chapelet.
J’ai remarqué qu’elle ne s’avançait jamais de parler si elle n’était
interrogée. Je l’ai vu devenir, d’un visage flétri et abattu à cause
de ses grands maux, dans une beauté admirable et dans une
blancheur céleste, à quoi rien de la terre ne peut être comparé, et
de temps en temps il s’élevait de petits brillants sur son visage,
l’éclat en était doux et portait à Dieu.
Je l’ai quelquefois confessée, mais je puis assurer que je n’ai
jamais connu personne de plus grande sainteté. J’entendis la
confession générale depuis son entrée dans le monastère jusqu’au
temps de sa profession, qui était de l’espace d’environ sept ans ;
mais elle ne dura que
trois Pater et trois Ave Maria,
et les fautes
étaient si légères, que je ne sais si la fragilité humaine peut tomber
en de plus petites : il était de même de ses autres confessions que
j’ai entendues.
Je la consultai une fois sur une pensée que j’avais de prêcher, la
mère Marie à qui je m’étais adressé me fit cette réponse : ma sœur
Marguerite m’a dit, que le Saint Enfant Jésus aurait bien agréable,