Page 7 - témoignages des médecins et des prêtres qui ont suivi soeur

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nombre incroyable de très violentes et très douloureuses maladies,
de peur de faire peine au lecteur : et pour venir au témoignage
qu’il rend à son obéissance et à ses autres vertus.
Le neuvième de mars mil six cent quarante-huit, elle fut
contrainte de s’arrêter au lit à cause d’une grosse fièvre qui lui
survint, accompagnée d’un grand vomissement qui lui dura
jusqu’à la mort. Pendant plus de trois mois (chose étrange) elle
ne prit que deux cuillerées de bouillon le matin, et autant le soir,
qu’elle rejetait aussitôt avec une violence qui faisait compassion.
Néanmoins elle n’apporta jamais la moindre difficulté à prendre
tout ce que je voulus, quoiqu’elle sût qu’elle serait contrainte de le
vomir aussitôt avec de grands tourments. Jamais je ne lui ai vu
aucune répugnance à prendre tout ce que j’ai désiré, et dans
l’extrémité même de son mal, elle prenait les remèdes sans aucun
changement ni en son visage, ni en ses gestes, non plus que si elle
n’eût pris que de l’eau. En toutes ses incommodités, je l’ai
toujours trouvée dans une parfaite égalité d’esprit, toujours prête à
tout ce que l’on désirait d’elle ; avec une paix, une joie, une
douceur, et une patience admirable, sans que la longueur de ses
maladies, ni l’excès des douleurs pussent en rien altérer ni
diminuer la gaieté de son visage et la pureté de sa joie, qui
croissaient plutôt avec ses tourments, en sorte qu’elle souffrait
d’ordinaire, comme si elle eût trouvé la félicité dans le mal. Le
même calme d’esprit paraissait durant ses furieux vomissements,
car elle y conservait une admirable douceur et une singulière
modestie.