Page 47 - Vie de la mère Élisabeth de la Trinité de Quatrebarbes par M. l'abbé Colet,.... 1861.
P. 47

— 37 —

Maiscesbâtiments, fort mal entretenus depuis longtemps,
ne présentaient partout que des ruines.

  Le premier soin des fondatrices, en prenant possession
de ce local, avait été d'en faire murer les portes qui y don-
naient entrée de tous côtés, afin de s'abriter contre la
curiosité et l'importunité des séculiers. Mais, leur état de
pauvreté les obligeant à circonscrire la dépense dans des
limites très-restreintes, ces généreuses filles, élevéespour
la plupart dans la délicatesse, n'hésitèrent point à servir
elles-mêmes les maçons. Les unes préparaient le mor-
tier, d'autres portaient les pierres. Il y en eut même deux
qui entreprirent de construire un plancher. Leur courage
ne put toutefois les préserver des suites de la fatigue
extrême que leur imposèrent ces rudes travaux, et elles
tombèrent presque toutes malades.

   Tandis qu'on réparait ainsi le Prieuré, les Soeurs se lo-
gèrent clans une sorte de galetas ouvert à tous les vents
et à toutes les intempéries. La réalisation de la Clôture ne
modifia pas sensiblement cette situation, et pendant dix
annéesces bonnes Religieuses eurent à endurer les plus
cruelles privations, n'ayant pas même pu se pourvoir de
couvertures pour la nuit. On lit dans l'histoire de la
 fondation qu'une Novice se considérait comme très-pri-
 vilégiée en ce qu'on avait pu lui procurer une paillasse
 recouverte d'un vieux drap de mort ayant servi autre-
   42   43   44   45   46   47   48   49   50   51   52