Page 52 - Vie de la mère Élisabeth de la Trinité de Quatrebarbes par M. l'abbé Colet,.... 1861.
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elle accueillait avec une touchante bonté les personnes
séculières qui venaient à elle pour l'entretenir de leurs
 afflictions. Son coeur était si compatissant, qu'elle s'atten-
drissait en écoutant le récit que chacun lui faisait de ses
peines, mettant ensuite ses démarches et son crédit au
service de toutes les infortunes. Pendant le siège de
Seurre, en 1650, trente ou quarante miliciens de la ville
de Beaune, la plupart artisans, enrôlés pour le service du
roi dans l'armée assiégeante, furent faits prisonniers dans
une sortie de la garnison. Les femmes ou les mères de ces
miliciens venaient sans cesse entretenir la vénérable

Prieure de leurs inquiétudes et de leurs chagrins. Or,
quelque pressantes que fussent ses occupations, elle ne
mit jamais de retard à aller les entendre, et ne les con-
gédia jamais sans leur adresser des paroles d'encourage-
ment, se faisant tout à toutes et inspirant à chacune la
soumission à la volonté de Dieu.

   Elle aimait les pauvres d'un amour de foi, et dès qu'il
s'agissait de pourvoir aux besoins de ces membres souf-
frants du Sauveur Jésus, rien ne lui paraissait impossi-
ble : aussi ne permettait-elle pas qu'on en renvoyât aucun
sans l'assister. Pendant une famine qui affligea la ville de
Beaune, les Carmélites furent menacées de manquer de blé,
ce quin' empêcha pas la Mère Elisabeth d'augmenter les au-
mônes. Chaque jour on donnait du pain, du potage ou des
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