Page 56 - Vie de la mère Élisabeth de la Trinité de Quatrebarbes par M. l'abbé Colet,.... 1861.
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elle n'a jamais voulu servir ses intérêts temporels sans
examiner s'il pourrait en résulter pour autrui le moin-
dre préjudice. Une personne de distinction qui connais-
sait l'extrême pauvreté du Monastère, voulut un jour lui
faire une aumône de trois mille livres, somme qu'elle pré-
levait chaque année sur sa fortune pour l'employer en
bonnes oeuvres. Mais, cette personne lui ayant fait connaî-
tre qu'à raison de ce don, elle serait obligée cette année-là
de restreindre sesaumônes ordinaires, la Mère Elisabeth
refusâtes trois mille livres, ne voulant point, d'une part,
priver les pauvres de secours sur lesquels ils pouvaient
compter, ni, d'autre part, priver le donateur lui-même
de la considération que lui attiraient ses libéralités.

   Dans une autre circonstance, une demoiselle âgée qui
l'aimait beaucoup, vint la consulter sur la manière de
rédiger son testament, lui faisant en même temps connaî-
tre l'intention où elle était de disposer d'une somme con-
sidérable en faveur du Monastère. La vénérable Prieure

n'hésita pas à déclarer à la Testatrice qu'elle ne pouvait
accepter aucun legs de sa part, attendu qu'elle lui con-
naissait des frères et des soeurs dont la fortune était peu
 considérable, et auxquels la. sienne serait d'un grand
secours pour établir leurs enfants. Peu de temps après
la même personne fut obligée d'engager une partie de
ses biens afin d'arracher à la misère un de ses frères mis
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