Page 61 - Vie de la mère Élisabeth de la Trinité de Quatrebarbes par M. l'abbé Colet,.... 1861.
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Quoiqu'elle aimât beaucoup sa famille, elle n'en par-
lait jamais. Elle s'est même privée pendant longtemps
d'écrire à ses plus proches parents et de lire les lettres
qu'elle en recevait : tant elle craignait de s'embarrasser
l'esprit et de laisser se développer dans son coeur un seul
mouvement d'affection qui n'aurait point eu Dieu seul
pour objet !
La Mère Elisabeth entretenait cet esprit de mortifica-
tion et de parfaite abnégation d'elle-même en toutes choses,
par les austérités, ou plutôt par les saintes cruautés
qu'elle exerçait sur sa personne. La simple lecture de ce
que les Carmélites de Beaune ont consigné dans leurs ar-
chives sur ce point, fait frémir la nature. Ainsi, elle s'é-
tait fait une espèce de corset avec dessangles auxquelles
elle avait cousu plusieurs ceintures de fer armées de
pointes, et son. corps était presque continuellement em-
prisonné dans ce rude cilice. L'instrument dont elle se
servait pour prendre la discipline était garni de chaî-
nettes de fer. Pendant près de vingt ans elle passa peu de
nuits sans se relever, soit pour vaquer à l'oraison, soit
pour rendre service aux malades, ce qui ne l'empêchait
pasd'assister aux matines avec une exactitude exemplaire.
Malgré ses grandes infirmités, le peu de repos qu'elle con-
sentait à accorder à son corps, elle le prenait toute vêtue
et sans quitter ses instruments de pénitence. Tant qu'elle