Page 62 - Vie de la mère Élisabeth de la Trinité de Quatrebarbes par M. l'abbé Colet,.... 1861.
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eut un peu de santé, elle ne prit ordinairement qu'un seul
repas par jour, ou jeûna au pain et à l'eau.

   La plus grande souffrance qu'elle ait endurée et qui
s'est prolongée sans interruption pendant trente ans, con-
sistait dans une soif excessive qui lui desséchait les pou-
mons et rendait son estomac comparable au foyer d'un
incendie. Quelque supplice que lui fit éprouver cette in-
firmité, elle ne buvait jamais avant l'heure du réfectoire;
et si, dans l'après-midi, elle était forcée d'avaler quelques
boissons, elle avait soin de les faire tiédir afin de sesous-
traire à toute impression de sensualité.

   Pendant l'espace de dix ans elle eut des douleurs de tête
si violentes, que sesyeux, affaiblis par le mal, ne pouvaient
ordinairement s'ouvrir que vers l'heure de midi. Elle com-
mençait alors à réciter son office, que, par crainte d'er-
reurs ou d'omissions, elle n'a jamais voulu dire de mé-
moire. Une enflure douloureuse à l'estomac, de fréquentes
palpitations de coeur, une goutte sciatique et diverses au-
tres infirmités qui venaient tour à tour ou simultané-
ment la tourmenter, épuisaient les forces de son corps
sans diminuer en rien l'énergie de son âme. Elle ne man-
quait pas pour cela de se rendre aux heures de Commu-
nauté, et cette complication de maux ne lui faisait retran-
cher aucune de ses austérités. Elle observa les jeûnes
d'Eglise jusqu'à sa mort.
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