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pensée, elle me répondait modestement et avec une très grande
facilité n’employant que les paroles qui étaient précisément
nécessaires.
La voyant fort affectionnée à orner les images du Fils de Dieu
Enfant, je lui dis qu’il n’avait pas aimé ces ornements sur la terre,
puisqu’il n’avait choisi que le foin et la paille. Elle me répondit :
Que lorsqu’il lui a plu de choisir lui-même, il n’a pris que des
choses pauvres et méprisables, mais que lorsqu’il reçoit des
hommes, il veut que tout soit riche et excellent.
Comme je savais que le Fils de Dieu l’appliquait à prier pour la
conversion de beaucoup d’âmes, je voulus savoir comment elle
les connaissait en particulier.
Le S. Enfant Jésus,
dit-elle,
m’applique aux uns plutôt qu’aux autres, bien souvent il me les
fait voir avec le fond de leurs misères, et alors je lui représente
ces misères, et ne cesse de lui demander miséricorde pour ces
personnes, jusqu’à ce qu’il m’ait fait connaître leur
changement.
Je lui demandai un jour son sentiment sur l’oraison active et
passive. Elle me dit que sans doute la passive était la plus
éminente et qu’elle consistait en une application très particulière
qu’il plaisait à Dieu de faire à l’âme, qui en cet état ne faisait que
suivre l’attrait de la lumière et de l’opération divine ; Que cette
sorte d’oraison tenait moins de la créature, mais qu’elle était fort
rare, et donnée seulement aux personnes que Dieu destinait à
quelque chose de grand, et qu’il avait prévenues de bonne heure
de ses grâces. Qu’il ne fallait pas s’attendre à cette faveur, mais