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témoignage, que l’ayant confessée trois ans, elle n’eut jamais
durant ce temps-là de pensées d’orgueil, non plus que d’impureté,
et ce qui n’est pas moins admirable, jamais elle ne sentit
d’impatience parmi des souffrances extrêmes et continuelles.
Cette bonne mère me disait quelquefois, parlant de sœur
Marguerite.
Voyez-vous cette enfant, mon père, je vous assure
qu’elle ne tient rien de la terre, elle vit comme si elle était au
Paradis, et il semble qu’elle ne demeure au monde que pour la
gloire de Dieu dans les âmes et pour la conversion des pécheurs.
Je puis dire que si elle aime quelque chose sur la terre, c’est
moi, cependant vous verrez qu’à ma mort elle ne jettera pas une
larme.
En effet je vis ce dégagement merveilleux, et le trouvai
très remarquable en une jeune fille élevée par cette bonne mère,
qui lui avait été donnée de Dieu, et dont elle connaissait la vertu
extraordinaire depuis quatorze ans.
Quelques jours après sa mort, je vis sœur Marguerite, et fis
semblant de me plaindre d’elle, de ce que sa bonne mère qui lui
témoignait tant d’amour étant morte, et toutes les sœurs en étant si
affligées, elle n’en témoignait aucune douleur, à quoi souriant elle
me répartit,
Il est vrai, mon père, que je suis très obligée à cette
bonne mère, son cœur et le mien n’étaient qu’une même chose,
mais le Saint Enfant Jésus l’a voulue.
Et comme je lui répliquai.
Vos sœurs le savent bien, mais cela n’a pas empêché leurs larmes,
elle me répondit.
Il faut donner de bonne grâce ce que l’on
donne au petit Jésus, nous ne l’avons pas perdue, cette grande
âme m’est plus présente que lorsqu’elle était sur la terre, et sa
conduite sera plus forte sur moi.