Page 131 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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instructions. Il a voulu nous apprendre par-là que si les monarques
de la terre, qui n’étaient que des images profanes de sa Majesté,
devaient être tant honorés en la personne même de leurs
épouses, la Pureté dont le Roi des Cieux orne les âmes qu’Il se
prépare, comme des Esther, pour les faire entrer dans son étroite
amitié et pour les rendre les médiatrices auprès de Lui de la faveur
de beaucoup de peuples, doit être au-dessus de l’imagination des
hommes.

   La grâce du Baptême qu’Il confère Lui-même est sans doute
une préparation à de plus hautes grâces, dignes de la Grandeur,
de la Sainteté, de la Puissance et de la Bonté d’un Dieu qui s’est
voulu laisser transporter d’un Saint et Charitable Amour envers
son indigne créature. Car ce Sacrement est un bain de son propre
Sang qui nous fait mourir et revivre, qui consume toute la
corruption du péché et nous incorpore dans la Pureté même qui
est Jésus-Christ.

   Néanmoins, le nouvel être qu’il produit est encore captif sous la
tyrannie de la chair et il demeure en nous comme Daniel et ses
compagnons dans la cour de Nabuchodonosor (Dn 1, 17), ou
comme les saints domestiques de Néron dont parle Saint Paul (Ph
4, 12) dans la maison de ce monstre. De là vient qu’il n’y a presque
pas d’âmes qui ne souillent la grâce de leur Baptême par les
convoitises criminelles du vieil homme. Lors même qu’elles
s’opposent aux mouvements du péché, elles sont sollicitées par la
vue des choses du monde, comme les Saints d’Israël captifs
étaient contraints de voir l’idolâtrie de Babylone (Ba 6, 3), ce qui

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