Page 135 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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propre Fils. Ce renouvellement fait en notre Petite Sœur nous
avertit que nous devons aspirer toute notre vie à un pareil effet en
nous, et tendre incessamment à revenir dans cette première
innocence.

   Les autres grâces ne peuvent naître que de cette principale
racine et c’est pour cela que le Fils de Dieu nous a témoigné que
« Si nous ne devenions semblables aux enfants, nous n’entrerions
point dans son Royaume ». Or, plus cette vérité est infaillible, plus
nous devons nous étudier à cette innocence qui paraîtra si pure et
si illustre en notre Enfant dans toute la suite de ce livre.

   Il ne faut pourtant pas s’imaginer que le Fils de Dieu, faisant ce
renouvellement de grâce en elle après les grands services qu’elle
Lui avait rendus, la lui ait encore donnée dans un degré tout pareil
à celui de la première fois. C’était à la vérité la même grâce en sa
nature et en son espèce, mais non pas la même en sa perfection,
comme c’est le même arbre que Saint Paul plante et qu’Apollos
arrose, mais qui prend un grand accroissement par l’influence
secrète de Dieu (cf. 1 Co 3, 6). De plus, le surcroît de splendeur
de cette ancienne lumière du Baptême ne fut pas la seule
différence. Car, comme nous l’avons dit, elle fut environnée cette
seconde fois de tant de gardes, Dieu mit un tel frein à ses sens et
à son amour-propre, Il lui embauma tellement l’esprit, pour la
préserver de la corruption par une continuelle occupation de ses
Mystères, Il l’éleva si agréablement à la conversation des Saints,
Il la remplit de tant de richesses du Ciel, que ni le souffle des
serpents de l’Enfer, ni l’haleine infectée des enfants du siècle, ni

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