Page 136 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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les charmes d’aucune créature, ni le propre venin intérieur, ne
firent plus sur elle les mêmes effets qu’auparavant. Les soins et la
vigilance du Sauveur du monde lui tinrent lieu de quelque chose
de plus avantageux parmi l’air et parmi les infirmités d’Adam, que
n’eût pu être une simple justice originelle. Car la grâce de Jésus-
Christ applique les âmes à Dieu beaucoup plus saintement et
d’une manière plus élevée que celle de notre premier père.

   Ajoutons encore à toutes ces saintes lumières que Dieu nous
découvre par sa conduite, que les grâces manifestes qu’Il lui a
communiquées ne sont que des avertissements de ce que chacun
de nous doit faire, dans l’obscurité de la foi, pour nourrir et pour
cultiver la grâce de la régénération. Car comme c’était au peuple
d’Israël une grande assurance de la voie de Dieu durant la Loi de
voir ce que Dieu faisait de miraculeux dans les Prophètes à qui Il
se communiquait visiblement, ainsi en nos jours, l’éducation
surnaturelle qu’Il donne Lui-même à quelques âmes choisies,
nous sert de règle très assurée dans nos exercices ordinaires.
Lors donc qu’Il met Sœur Marguerite dans une Enfance Spirituelle
par le renouvellement de son Baptême, Il nous apprend que pour
renouveler la pureté du nôtre, nous devons vivre dans la simplicité
des enfants et nous rendre petits comme veut Saint Paul « non
pas en prudence mais en malice » (1 Co 14, 20). De plus, Il nous
enseigne, par la communication familière qu’Il établit entre cette
Epouse et les plus grands Saints, que c’est un effet de la grâce du
Baptême de nous faire joindre aux Saints dans les dévotions que
Dieu leur a donnée durant toute leur vie, et qu’il faut invoquer leur
secours pour entrer dans leurs pratiques intérieures de piété.

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