Page 162 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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vitale dans les Saints. Il disait à ses Disciples : « En ce jour-là,
vous comprendrez que Je Suis en mon Père et que mon Père est
en Moi, et que Je Suis en vous » (Jn 14,20).
Cet éclaircissement sert encore à nous faire entendre de quelle
manière se fait ce changement de cœur qui nous surprend dans
l’histoire de quelques Saints, comme en celle de notre Sœur. Il est
certain que ce n’est pas une chose difficile à Celui qui a donné la
vue à l’aveugle né, et qui a fait paraître par ce miracle qu’Il était
Créateur comme son Père, disent les saints Docteurs, d’arracher
le cœur à une personne et s’en substituer un nouveau. Il le peut
en faisant sentir à ceux qui souffrent ce changement de pareilles
ou de moindres douleurs que si la violence leur était faite par la
main des hommes. Et Il le peut encore en leur causant aussi peu
de mal que Dieu en causa au premier homme lorsque, sans
interrompre son sommeil, Il tira une de ses côtes et remit de la
chair en sa place (cf. Gn 2, 21).
Mais parce que ces mutations matérielles ne paraissent pas
nécessaires aux Saints, il suffit de croire que ce cœur nouveau qui
lui fut donné ne fut rien qu’un changement de ses premières
affections. C’est ainsi que Dieu dit par le Prophète « qu’Il ôte le
cœur de pierre et qu’Il en donne un de chair » (cf. Ez 11, 18), c’est-
à-dire qu’Il attendrit cette dureté du pécheur qui ne souffrait pas
ses divines impressions, et qu’Il le rend flexible aux lois qu’Il a
gravées en lui de son propre doigt qui n’est autre que son Esprit.
Si le cœur qu’Il donna à Sœur Marguerite ne fut nouveau qu’en
cette manière, il y a sujet de s’étonner du changement qu’Il en fit,
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