Page 157 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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elle ses imperfections, tantôt elle y était plongée comme dans un
abîme de Charité qui l’embrasait de telle sorte que la chaleur en
passait au-dehors et échauffait jusqu’à ses habits, tantôt l’Amour
de Jésus-Christ l’emportait avec tant d’impétuosité qu’on la voyait
élevée de terre, belle et enflammée comme un Séraphin, tantôt
elle y était lavée comme dans une fontaine de pureté, tantôt elle
s’y trouvait comme teinte dans l’innocence même, et tantôt elle y
était toute embaumée de chasteté.

   Elle remarqua ce double mouvement d’élévation et de
compression qui a été connu dans le Cœur de Jésus-Christ par
d’autres Saints et elle comprit que ce Cœur se resserrait afin de
se remplir du Divin Esprit pour Lui-même, pour aimer en son
propre Nom Dieu le Père, pour s’offrir à Lui en sacrifice, pour
s’anéantir devant sa Majesté, pour entrer dans sa Vie Divine, pour
s’unir à toutes ses adorables Perfections, pour Lui rendre tous ses
propres devoirs ; et qu’Il se dilatait afin d’épandre son Esprit dans
tous ses membres, et de communiquer à son Eglise, qui est son
Corps, la chaleur vitale qu’Il avait produite pour Lui-même. Elle
aperçut dans ce Cœur un océan sans fond et sans rives d’Amour
envers Dieu le Père, une possession et une jouissance de sa
Divine Bonté, un repos de son infinie Béatitude, un calme et une
paix qui surpassaient toute l’intelligence, un Trésor
incompréhensible de toutes les vertus qui reluisaient dans une
beauté, une hauteur, une étendue et une splendeur si grandes et
si inexplicables, qu’il y en avait de quoi remplir une infinité de
mondes mille et mille fois plus vastes que celui-ci.

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