Page 34 - Vie de la mère Élisabeth de la Trinité de Quatrebarbes par M. l'abbé Colet,.... 1861.
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encore que tout y était surnaturel, elle lui annonça qu'elle
la conduirait elle-même dans la solitude bénie que Dieu
lui avait assignée.
L'unique obstacle contre lequel notre Postulante crai-
gnait de voir échouer son projet se trouvant ainsi levé, il
lui sembla qu'elle n'avait plus qu'à bénir Dieu de l'avoir
rendue libre de l'exécuter. Mais, en rentrant en elle-même,
elle y trouva dans toute sa force le lien qui l'attachait au
foyer paternel. Son coeur lui parut sentir pour la première
fois le prix de tout ce qu'il lui fallait quitter, et, en por-
tant ses regards sur les serviteurs de la maison, elle se
sentait portée à envier leur bonheur. Ce qui rendait sur-
tout ses souffrances intolérables, c'était la pensée de
celles qu'elle imposait à sa mère. En effet, indépendam-
ment de ces sentiments profonds de respect et de pieuse
tendresse qui, dans les familles chrétiennes, unissent les
enfants à leurs parents, il s'était établi entre Madame de
Quatrebarbes et sa fille Elisabeth une union particulière
formée par la grâce et par la sympathie. Les peines de
l'une étaient toujours vivement senties par l'autre, et un
même désir les animait de s'édifier réciproquement et de
s'entr'aider dans le service de Dieu. Cependant il fallait
se résoudre à briser cette union.
De toutes les peines auxquelles sont exposées les âmes
qui veulent renoncer au monde, celle-ci est sans con-