Page 5 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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les grâces de sa Divine Enfance, et c’est par la vertu de ce Mystère
d’humilité, communiqué avec profusion à son âme, qu’elle a
produit une infinité d’effets qui l’élèvent au rang des saints les plus
illustres.
Mais, Madame, le plus aimable de tous, c’est qu’elle a obtenu
par son innocence cette auguste dignité de Mère qui rend votre
Majesté la plus grande Reine de la terre. Je ne doute pas que
plusieurs autres ne se soient employés pour lui acquérir cette
gloire. Car il était juste que tout ce qu’il y avait de plus saint dans
le monde conspirât avec les vœux de votre Majesté, pour mériter
à la France un Roi si chéri de Dieu, et à l’Eglise un Fils aîné si
nécessaire. Toutefois, sans ravir la louange à aucun autre, l’on
verra par ce Livre que ce fut à Sœur Marguerite que Dieu promit
cette incomparable faveur. Et que la gloire de la plus heureuse des
Reines est le fruit d’une fille des plus humbles et des plus
souffrantes du monde. Votre Majesté obligera sensiblement tous
ses sujets d’agréer qu’une histoire si mémorable leur soit
communiquée. Ils se l’imprimeront dans le cœur. Elle affermira
leur fidélité et le témoignage du Ciel enflammera l’amour que la
nature leur inspire pour le Roi. Puisque votre Majesté a reçu de
Dieu cette grâce qu’une vie si pure a été destinée pour sa
consolation et pour son bonheur, et qu’elle se l’est attribuée elle-
même en l’appelant sienne, et en lui donnant sa protection.
Je m’estime très heureux de ce que le devoir que je rends est
autorisé et par la conduite de Dieu et par l’affection de votre
Majesté. Mon respect n’est pas seulement humain, il est saint et
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