Page 7 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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PREFACE
Si j’avais quelque passion pour l’applaudissement du monde,
j’éviterais comme un écueil de donner cette Vie au public ; ceux
qui se croient sages se riront de ma simplicité et me
soupçonneront d’être atteint de quelque maladie d’esprit. Car
puisque les Saintes Ecritures, l’Eglise, la Théologie nous
fournissent tant d’illustres matières qui méritent d’être éclaircies,
pourquoi n’ai-je pas plutôt choisi quelque chose de ce rang qu’un
sujet bas de foi et peu important comme la vie d’une fille ?
Pourquoi me suis-je même attaché à celle-ci qui contient, dira-t-
on, mille choses enfantines et qui ne semblent pas dignes
d’occuper une plume sérieuse, ou si extraordinaires qu’elles
auront peine à trouver croyance. Mais quand je serai capable de
quelque chose de plus grand, je ne rougirai pas de mon dessein,
et je n’aimerai pas moins abaisser mon esprit, au péril même de
ma réputation, jusqu’à l’Enfance du Fils de Dieu communiquée par
grâce, et éclatante dans tout ce Livre, que de flatter l’orgueil des
hommes par les discours élevés sur sa Naissance Eternelle. Dieu
est Dieu partout, et pour moi, je ne Le trouve pas moins admirable
dans l’obscurité de la Crèche, que dans sa Lumière inaccessible.
Il entre à la vérité dans la dépendance lorsqu’Il naît dans le Sein
de la Vierge, mais il y entre par Toute-Puissance, et bien qu’Il y
soit soumis à son Père, il ne cesse pas de Lui être égal.
C’est un Sujet assis sur le trône de son Souverain, c’est un
Pauvre qui enrichit l’univers et qui augmente infiniment le domaine
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