Page 12 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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toutes les Religieuses en leur conscience et sous leur serment, de
me signer tout ce qu’elles disaient avoir vu, et j’exigeai le même
témoignage par écrit des médecins et autre étrangers qui avaient
été ou les spectateurs ou les sujets de quelques prodiges. Je
conserve toutes ces pièces pour la justification de mon travail, et
pour témoigner au public quelles précautions j’ai apportées avant
de mettre la main à l’œuvre.

   Il semblait après tous ces soins que je pouvais travailler en
toute liberté, et qu’un édifice si bien fondé ne devait pas craindre
la tempête, Dieu permit néanmoins pour une plus grande gloire de
sa servante, que sa mémoire souffrit bientôt de fortes épreuves,
jusque-là que mon Supérieur Général, qui savait mon emploi, se
sentit pressé de peser les difficultés qui se rencontrèrent. Il me
commanda même de les éclaircir, et de mettre mes réponses par
écrit, et il choisit deux personnes capables pour en être les juges
avec lui. Mais toutes choses considérées, il crût que rien ne
m’obligeant à cesser, beaucoup de raisons me le défendaient.
Après que j’eus élevé mon bâtiment et que je l’eus conduit à sa
hauteur, il fut raisonnable que les trois Supérieurs des Carmélites,
personnes vénérables pour leur science, pour leur sagesse et
pour leur vertu, jugeassent s’il n’y avait rien qui pût intéresser leur
Ordre.

   Ils considérèrent donc avec grand soin et par leur inclination
particulière, et par l’ordre de la Reine, et enfin ils désirèrent qu’il
fût publié, à la réserve de diverses grâces dont la sublimité leur
semblait surpasser la portée de la plupart des lecteurs.

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