Page 10 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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des autres, et je n’ai pas cru que Dieu fut offensé si je formais tant
de difficultés en mon particulier, avant de donner mon témoignage
au public. S’il n’eût été question que de m’assurer moi-même de
la possibilité des choses, la Théologie me fournirait les trésors de
la Puissance et de la Bonté Divine, qui ne souffrent ni résistance
ni limites et l’histoire me présentait des exemples de toutes les
grâces qui sont contenues en cet ouvrage. Mais comme c’est du
fait que j’étais en peine et non pas du droit, que ce n’est pas de
Dieu que je me défiais, mais des créatures, mon repos, non plus
que celui d’autrui, ne dépendait ni de la spéculation d’une cause
universelle, mais d’effets très singuliers, ni de l’expérience des
faits passés, mais de la démonstration des présents.
Or d’où l’ai-je pu tirer en un sujet si caché qu’est une Carmélite ?
Et celle-ci particulièrement, comment a-t-elle pur être assez
connue, puisque la grâce même la retirait de la vue des hommes,
et que ses Supérieurs avaient ajouté aux miracles que Dieu a fait
pour interdire la conversion aux gens du siècle des défenses de la
découvrir à son propre Monastère ? Tant cet Ordre est circonspect
dans les grâces extraordinaires ! C’est de quoi il est nécessaire
que les lecteurs soient bien informés.
J’avais reçu d’abord des mémoires recueillis par une
Religieuse, qui avait vu une partie des choses qu’elle écrivait, mais
qui ne pouvait fonder le reste que sur la foi d’autrui. J’ai trouvais,
comme dans une mine d’or, une infinité de trésors de la nature de
ceux que Dieu même produit dans le sein de la terre, où le
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