Page 14 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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L’Idée du Fils de Dieu parmi les Docteurs me faisait sacrifier le
faste de mon esprit en l’honneur de la docilité, et malgré le bruit
que l’orgueil excitait dans mon âme, la pensée de ce mystère me
faisait écouter avec soumission toutes les leçons qui m’étaient
faites.

   Enfin, l’ouvrage étant refondu, et les censeurs ne se l’étant pas
moins rendu propre qu’à moi-même, il ne fallait plus qu’obtenir de
la Faculté la permission de l’approuver. On le présente pour cette
fin à l’Assemblée Générale, on observe toutes les formes
requises, et lors qu’il semblait que suivant la coutume, cette sage
Compagnie se dut reposer sur la prudence des Approbateurs,
voilà que tout-à-coup, quelques Docteurs portés d’une sainte
intention, dirent quelque chose qui rendit les mémoires de ce livre
suspects.

   Ils passèrent dans l’esprit de quelques autres pour faibles et
peu considérables, et parce qu’il fut remontré que c’était de mon
livre qu’il s’agissait, et non pas des mémoires que l’on ne
présentait point à la Faculté, ceux qui en croyaient le rebut
important pour la gloire de Dieu, représentèrent qu’ils contenaient
beaucoup de révélations et de miracles de quoi les Saints Canons
ne permettaient la publication qu’après le jugement des Evêques.

   Une si importante considération fit faire un Décret que
désormais il ne serait permis à aucun Docteur d’approuver les
Vies où il y aurait des visions et des miracles, avant que cette
formalité canonique eut été gardée.

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