Page 18 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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Les difficultés qui parurent d’abord étaient capables de rebuter
tout autre esprit que le sien ; son humeur très éloignée des
dévotions singulières, et qui aime les voies de la foi, et non pas
des visions, n’aidait pas peu à le faire entrer en défiance.

   Tous ceux qui lui disaient du bien de cette fille ne remarquaient
en son esprit qu’une grande froideur, et ne pouvaient se persuader
qu’il lui pût être favorable. Sa charge néanmoins l’obligeant à
reconnaître la vérité des miracles dont le bruit remplissait son
Diocèse, et la piété de la Reine le pressant de s’en éclaircir, il se
rend pour cet effet dans la ville de Beaune.

   D’abord, il fonde le sentiment des sages, il considère s’il n’y a
point d’excès dans la dévotion du peuple, il s’enquiert de la
conduite des Carmélites, il n’apprend rien qui ne soit à l’avantage
et de la Fille et de ses Mères. Il vient lui-même au Monastère
accompagné de ses Officiers, pour faire des informations
Canoniques ; il reçoit les dépositions de tous les témoins oculaires
des vertus et des grâces de la Sœur. Il y emploie un temps notable
pour découvrir ce qu’il y a eu de plus important, il n’oublie pas les
remontrances que l’Eglise pratique sur le poids et sur la nature des
serments ; enfin il demeure tout étonné de tant de merveilles dont
il ne peut voir d’attestation plus évidentes.

   Pour ne rien omettre, il donne commission en partant de faire
une plus ample information avec ordre de la lui envoyer. Ensuite,
il prend le soin d’examiner ce Livre, et dans la doctrine et dans les
faits ; il confère l’une avec toute l’Eglise, et les autres avec ses
informations particulières. Il prend même conseil, et sans se

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