Page 23 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte

Que les preuves ordinaires de la justice de soient donc que des
assurances humaines, que les informations, les témoignages, les
serments, les rapports des médecins, soit du corps ou de l’âme,
ne soient que des persuasions du vulgaire : les esprits les plus
élevés recevront la persévérance inviolable dans la vertu,
principalement dans l’innocence et dans l’amour, la constance
dans l’humilité et dans la charité pour le prochain, la grâce de
convertir les âmes les plus perdues, la prophétie, les miracles faits
en très grand nombre avant et après sa mort, pour des marques
célestes d’une personne non captive ni obsédée, mais victorieuse
de l’Enfer.

Après tant de forces de conviction, le Lecteur pourra marcher
en sûreté par les déserts, et par les montagnes les plus inconnues
de cette histoire, mais ce ne sera pas peut-être sans se défier de
quelques routes qui lui sembleront écartées, ni sans courir péril,
s’il veut suivre les pas de cette Fille, de tomber en quelque
précipice. Nous préviendrons ces deux maux en dissipant les
soupçons injustes qui lui peuvent naître, et en le munissant d’une
juste crainte qui lui peut manquer.

La grande familiarité du Fils de Dieu avec cette âme, les
louanges qu’Il lui donne, et le témoignage qu’elle se rend elle-
même en découvrant ses grâces, sont des voies qui causent de la
défiance à tout esprit sage, et l’inclination de s’élever à une faveur
pareille à la sienne, se peut former en beaucoup de personnes, et
les jeter dans l’opprobre qui suit la présomption et la vanité.

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