Page 20 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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Il a arraché mille ronces que je n’avais pas eu l’adresse de
couper, et il a fait voir par beaucoup de traits hardis de son
pinceau, combien une main savante relève une peinture vulgaire.
De sorte que s’il y a quelque chose d’assuré et d’agréable dans
cet écrit, c’est à lui seul qu’il faut en donner la gloire, et ce qu’il y
a de faible et de bas, ne vient que de mon incapacité et de mes
ténèbres.

   Mais quelque crédit que les informations et le jugement
Ecclésiastique acquièrent à la vertu de cette Fille, ceux qui vivent
plus de l’esprit que de l’âme, et qui défèrent moins aux yeux et au
serments même qu’à la lumière détachée des sens, désireront
peut-être un garant plus assuré des merveilles contenues en ce
Livre, que toutes ces instructions de procès, et que ces sentences
qui en dérivent.

   Que le Lecteur laisse donc à part toutes ces preuves et tous
ces appuis des grâces de cette Fille admirable : Supposons que
tant de témoins oculaires, Prêtres, Religieuses, médecins et
autres, n’aient vu que des songes, que tant de Théologiens, un
savant Évêque, tous munis de défiance, n’aient pas su discerner
le bon or d’avec le mauvais, et que toute la vénération qu’ils ont
eue pour cette âme, après l’avoir bien considérée, ne soit d’aucun
poids, il est certain que personne n’a contesté la vérité des vertus
de cette Fille.

   On sait que son humilité a été si profonde et si constante
jusqu’au dernier soupir, qu’une des grandes merveilles de sa vie,

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