Page 22 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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l’avenir, pour lire dans le cœur et dans la pensée de ses Sœurs,
ne se fût jamais aperçu qu’il était le jouet des esprits malins ?
Qu’elle eût attribué à la grâce ce qui venait de l’auteur du péché ?
Qu’elle eût vécu et qu’elle fût morte saintement, sans que Dieu lui
eût jamais découvert ses erreurs ? Qui se le pourra persuader
sans fermer les yeux à la lumière et sans mêler le Ciel avec l’Enfer,
la clarté avec les ténèbres ? Il est vrai que le diable se transforme
quelquefois en Ange de lumière, et qu’il présente son venin dans
une coupe d’or : mais si l’on considère bien ses stratagèmes, on
trouvera qu’ils ne tendent qu’à semer de la division et de
l’amertume.

   Il engagera une santé délicate à des jeûnes indiscrets, au
scandale du faible qui le voit, et à la ruine du téméraire qui
l’entreprend. Il excitera les ignorants à usurper l’office des Doctes,
le Diacre à bénir les Prêtres, le Novice à donner des avis aux
Anciens, le Laïc à manier les Mystères, et enfin il ne se retirera
jamais qu’il n’ait répandu le venin de son orgueil, de son
inquiétude et de ses erreurs.

   Mais l’innocence de Sœur Marguerite n’ayant jamais été
infectée du souffle mortel de ce Dragon, et la piété de son
Monastère ne s’étant jamais ni diminuée ni corrompue, le public
n’ayant senti que des saintes et salutaires odeurs de tout ce qui
s’est pu exhaler de cette âme si retirée, il est impossible que les
merveilles que nous en rapportons, aient eu d’autre principe que
la Vérité même qui est Jésus-Christ.

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