Page 21 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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ça a été l’alliance d’une innocence extraordinaire avec une
extrême horreur de soi-même.

   Son obéissance n’a pas été moins admirable, et l’on est surpris
de voir une si parfaite exactitude dans les plus difficiles épreuves.
Sa charité n’a pas seulement paru dans les tourments, où toutes
ses forces se sont consumées pour le salut des âmes, mais ça a
été dans les supplices mêmes, dans les croix et dans les feux,
qu’au lieu de périr, elle s’est nourrie et enflammée.

   Toutes ses autres vertus n’ont pas été moins véritables ni moins
illustres, et ce qui étonnera le Lecteur, ce sera de voir que chacune
étant, il semble, au plus haut degré de son enfance, elles se sont
élevées néanmoins jusqu’à sa mort, à une sublimité qui étonne
l’esprit et qui éblouit la pensée. Comment se pourra-t-il donc
trouver des personnes qui avec cela se persuadent que toutes les
merveilles qui ont paru en cette Fille, n’aient été produites que par
l’artifice du diable ?

   Qui croira, s’il ne veut renoncer au sens commun, qu’une âme
des plus pures que notre siècle connaisse, fût tout ensemble le
trône de l’Esprit de Dieu et le théâtre des Démons ?

   Que la même Providence qui l’a conservée dans l’innocence de
Jésus-Christ, eut abandonné son corps aux illusions du prince de
ce monde ? Qu’une vertu dont la splendeur ne s’est point
obscurcie, n’eût jeté ses rayons qu’à travers les ténèbres et des
fantômes ? Que le Fils de Dieu se fût toujours maintenu en elle
comme dans une place forte, et que son ennemi en eût occupé
tous les dehors ? Que son esprit assez éclairé pour pénétrer dans

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