Page 17 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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les occasions les plus difficiles, et ce qui n’était pas moins
considérable, j’eusse laissé les plus singulières faveurs de l’Epoux
Céleste envers ses chastes épouses, j’eusse laissé Sœur
Marguerite, fille d’une vertu admirable, tout son Monastère, tous
les Confesseurs et ses Visiteurs dans le soupçon honteux de
l’illusion, à quoi je n’ai jamais pu me résoudre.
J’ai mieux aimé souffrir durant quelques temps, que cette Vie
demeurait en ténèbres, que d’en condamner une partie par la
publication de l’autre. Je n’ai jamais pu me persuader qu’une vertu
si pure et si illustre, fût abandonnée de Dieu jusqu’à la fin. La
nature des armes dont je l’ai vue attaquée n’a fait que me fortifier
le courage, et ce m’a été un doux spectacle de contempler mille
vagues qui se sont brisées contre le rocher sur lequel cette âme
possède le repos.
La Providence, qui ne permets les maux que pour en tirer de
plus grands biens, et qui n’avait laissé former tant de doutes contre
son œuvre, que pour l’assurer davantage, a voulu que la
vérification de toutes les merveilles qu’elle avait produite en sa
servante, fût faite avec grand soin et dans les formes de l’Eglise.
Il s’est rencontré par bonheur que l’affaire a eu pour Juge
Monseigneur Louis Attichi, Evêque d’Autun, Prélat des plus
capables que nous ayons aujourd’hui pour la science, pour la
piété, pour l’expérience et pour l’exactitude, et qui s’y est conduit
avec autant de sagesse qu’il s’en est pût apporter en un sujet de
cette nature.
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