Page 25 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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Lorsqu’une âme a acquis cette pureté d’esprit, se faut-il étonner
si le Verbe se confie en elle, puisqu’Il se l’est rendue toute
conforme ? Que peut-on attendre d’un Epoux, qui n’est pas
seulement amoureux, mais l’Amour même et l’Amour infini, que
toute démonstration d’Amour envers une créature si divine ?

   Quand Il fait ses entrées insensibles, mais très évidentes dans
l’âme, qu’Il la réveille, qu’Il la pousse, qu’Il l’attendrit, qu’Il la
blesse, qu’Il l’arrache, qu’Il abat, qu’Il édifie, qu’Il arrose, qu’Il
éclaire, qu’Il ouvre, qu’Il enflamme, qu’Il fait fondre le cœur, qu’Il
enivre, qu’Il endort, qu’Il fait entendre son langage d’Epoux, de
quelles expressions obligeantes ne se sert-Il point pour consoler
son amante ?

   Il l’appelle, disent les saints Docteurs, son amie, sa colombe,
sa toute belle, sa sœur, son Epouse. Il lui témoigne qu’il a désiré
sa beauté et sous l’image de sa beauté extérieure, il s’étend sur
les louanges de ses vertus. Il lui confesse qu’un de ses yeux lui a
blessé le Cœur, Il la nomme « sa parfaite », Il la compare aux
choses les plus nobles et les plus illustres, Il recommence sans
cesse à la louer avec des termes qui surpassent l’imagination des
hommes.

   Ce n’est pas seulement à toute l’Eglise qu’Il témoigne cet ardent
Amour, c’est aux âmes particulières. Il fait sucer son propre Sang
à Sainte Catherine dans son Côté ouvert, Il change de Cœur avec
elle. Il déclare à Sainte Gertrude qu’il n’y a aucune âme en la terre
où Il prenne plus de complaisance qu’en la sienne. Il fait connaître
à Sainte Thérèse qu’elle sera sainte, et qu’une infinité d’âmes se

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