Page 28 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
P. 28
couronne d’Assyrie, que les voluptés lui sont en horreur ; et elle
n’est Reine que pour exposer sa vie pour le salut de son peuple.
Ce n’est pas sur le Thabor que le Fils de Dieu nous appelle,
c’est sur le Calvaire, et Il ne fonde pas la grâce sur la joie et sur le
repos, Il la fonde sur l’abnégation de nous-mêmes, et sur la croix
qu’Il nous commande de porter tous les jours et de Le suivre. Que
les prudents deviennent donc simples pour se persuader que la
Sagesse Divine s’abaisse avec les âmes pures et humbles, et que
les personnes superbes et présomptueuses deviennent prudentes
pour ne pas s’attribuer la gloire d’épouses, à laquelle nulle n’est
élevée que celle qui n’y ose prétendre.
Mais nous voulons bien, dira-t-on, que la Bonté d’un Dieu qui
s’est anéanti pour les hommes, lui fasse prendre plaisir à
s’abaisser encore, et à se communiquer familièrement avec eux,
pourvu qu’ils soient purs, simples, nourris dans la croix et enivrés
d’amour.
On avouera de plus que ce serait une folie de s’imaginer que
l’on est du nombre de ces âmes illustres, et d’aspirer aux caresses
du Divin Epoux.
On veut bien que Sœur Marguerite n’y soit parvenue que par
l’innocence et par les tourments. On s’étonne néanmoins que
l’humilité nécessaire pour être élevée à ce rang ait pu compatir
avec les témoignages qu’elle s’est rendue elle-même. Car c’est
d’elle que l’on a su la plupart de ces grâces ; c’est elle qui les a
publiées.
28