Page 11 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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mélange des moindres métaux obscurcit la beauté du plus noble
et en amoindrit le prix.

   La Providence qui destinait Sœur Marguerite à reluire comme
un astre dans l’Eglise, inspira tout ensemble à sa Maîtresse de la
soustraire à la vue même des Sœurs et de conserver des
mémoires des principales merveilles qu’elle seule et la Prieure
voyaient en elle. L’humilité de cette Maîtresse nous a fait un tort
qui ne se peut estimer, car la répugnance qu’elle eut à se voir
nommée en plusieurs de ces grâces, lui fit brûler un jour la plus
grande et peut-être la plus riche partie de ses papiers, de sorte
qu’il n’est échappé à son zèle que quelques fragments qui
blessaient moins le mépris qu’elle faisait de soi-même. En
revanche, il s’est trouvé diverses feuilles qu’elle avait commandé
à la Sœur d’écrire, où elle exprime avec une simplicité
remarquable, les plus singulières faveurs qu’elle avait reçues du
Fils de Dieu, principalement la communication de ses souffrances.
C’est dans ces fontaines que j’ai puisé des eaux pures, qui ne
seraient peut-être sans quelque altération si elles avaient coulé
par des ruisseaux.

   Mais quelque lumière et quelque assurance que ces originaux
me donnassent, je ne fus point satisfait, jusqu’à ce que l’on m’eût
fourni les attestations de tous ceux qui ont été témoins oculaires,
soit de quelques-unes de ces mêmes choses ou d’autres
semblables, soit dans le Monastère, soit dehors. C’est pourquoi je
dressai d’abord un extrait de tout ce qui me parut merveilleux en
tous mes mémoires, et priai les Supérieurs de l’Ordre d’obliger

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