Page 116 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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l’Enfance n’est pas seulement invincible à tout l’Enfer, mais encore
que la victoire de ces monstres est une préparation à cette grâce.
Il a découvert que c’était principalement à l’innocence que les
diables déclaraient leurs plus cruelles guerres : qu’ils n’ont pu
supporter le nouvel établissement de sainteté et de grâce qu’ils
ont vu naître dans cette âme, parce qu’ils ont prévu que les suites
en seraient grandes et qu’elles se multiplieront fort en ce siècle.
Enfin Dieu leur a permis d’exercer toute leur rage sur elle afin
de nous faire connaître quelle est leur faiblesse contre les
adorateurs particuliers de son Enfance et de confondre leur orgueil
par la victoire qu’une seule Fille a remportée sur leurs légions et
sur leurs armées entières.
Sa guérison merveilleuse est aussi très remarquable en toutes
ses circonstances. Premièrement, Dieu voulant retirer son Epouse
des portes de la mort et de l’oppression de ses princes, Il voulut
que le moyen vint dans la pensée de sa Supérieure qui toutefois
le tint d’autant plus suspect qu’il était extraordinaire. Par où nous
apprenons que la compassion doit céder à l’humilité et qu’il vaut
mieux différer d’obéir aux mouvements intérieurs que de s’exposer
à suivre une illusion de l’esprit malin. Cette prudence nous fait voir
aussi que le même Dieu, qui commandait aux Prophètes certaines
œuvres au-dessus de leurs forces, ne désirait pas moins leurs
excuses et la reconnaissance de leur faiblesse, que leur
soumission dans l’attente de son secours.
Nous tirons encore cette instruction que la Compassion de Dieu
envers l’innocence opprimée n’est point frustrée par le délai des
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