Page 113 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
P. 113
CHAPITRE IX
Réflexions sur le chapitre précédent.
Le désir de m’instruire dans la conduite de Dieu et d’en faire
quelque saint usage pour sa gloire me convie à considérer
jusqu’aux moindres particularités de cette histoire.
Les âmes éclairées qui s’apercevront de mes ténèbres
m’obtiendront par leurs prières la pureté de l’amour qui ouvre
l’intelligence ; et s’il s’en trouve qui aient mois de lumière que moi,
ils pourront s’exciter par mon exemple à l’étude des secrets du
Ciel.
D’abord, j’admire que Dieu ait tant fait souffrir une fille si sainte
et si innocente. Mais elle m’apprend que ce sont les plus justes
qui endurent le plus en ce monde, et qu’ainsi beaucoup de
pécheurs y jouissent de leurs biens à proportion des supplices qui
les attendent, de même les grands Saints y portent leur croix selon
la mesure de la félicité que Dieu leur destine.
Toutefois, cela n’a pas été seulement afin que Sœur Marguerite
parvint à une grande gloire dans le Ciel que Dieu lui a fait éprouver
de si rudes tourments, cela a été encore pour la préparer à une
très haute Communication avec Lui en cette terre. Car c’est la
nature des sublimes grâces qu’elles ne s’achètent que par des
afflictions extraordinaires. Dieu ne se manifeste point aux hommes
vivants s’ils n’ont été épurés par beaucoup de sortes de morts.
113