Page 110 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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incontinent, les démons s’enfuirent. Tandis que l’on ne pouvait
avoir de secours, on se servit de ce même remède et il fut toujours
suivi de la guérison.

   Le 23 juillet 1631, la rage des diables monta jusqu’à un tel
excès qu’il n’est pas possible d’exprimer tous les genres de
martyres dont ils accablèrent ce petit corps. Il y eut plus
d’apparence que jamais qu’elle allait mourir si bien que l’on appela
encore le Confesseur qui, enfin, amena un médecin
extraordinaire. Celui-ci ordonna tous les remèdes que l’art
suggère en pareille maladie, mais comme rien ne profitait, et qu’il
voyait cette Petite dans une paix et dans une beauté
incomparable : « Si elle n’avait point le jugement si sain, dit-il à la
Mère, je croirais que c’est de l’épilepsie dont elle souffre, mais il
faut avouer que les créatures ne peuvent rien à son mal. » Alors
le Confesseur ayant prié la Mère d’employer encore son remède,
elle en usa comme à l’ordinaire et à l’instant, la malade se trouva
remise. Le médecin, tout hors de lui-même, s’écria : « Cette
guérison est un véritable miracle » et il en donna son attestation
qui se trouvera à la fin de ce livre.

   Après que la malice de l’Enfer eut comme disputé longtemps
l’avantage avec la puissance du Ciel, les démons revenant à la
charge autant de fois qu’ils furent repoussés, ils firent enfin un
dernier effort contre la vie de cette Petite. Et comme s’il y fût allé
de tout, assemblèrent toutes leurs forces ainsi que pour une
bataille générale. Ils apparurent à elle en une innombrable

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