Page 114 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
P. 114

Avant donc de passer outre, nous pouvons juger à quelle
Familiarité du Divin Epoux notre Petite doit être élevée puisqu’elle
est comme l’or fondu tant de fois dans la fournaise. En même
temps, elle nous donne sujet de remarquer que les grandes
grâces de la Croix, ainsi que la Société manifeste avec Jésus-
Christ dont elles sont suivies, appartiennent plus communément
aux âmes qui n’ont commis aucun crime depuis leur Baptême qu’à
celles qui en ont été lavées par la Pénitence.

   Mais d’où vient qu’elle n’a pas souffert comme d’autres plutôt
par l’Opération de Dieu que par la vexation des démons ? C’est
en ce point que les secrets de la Providence se font connaître :
car elle nous apprend qu’il y a des âmes à qui l’impression de Dieu
même agissant sur elle sert de croix ; d’autres qui ne sont
immolées que par le ministère des créatures. Il y en a qui
éprouvent une telle puissance de la Sainteté, de la Justice ou de
la Charité Divine que l’Esprit de Dieu régnant en elles par ces
vertus mine incessamment leur être né de la chair, et leur rend
toute autre chose que la Pureté de Dieu insupportable, comme
cette même Pureté leur est insupportable dans l’état corrompu de
cette vie.

   Ces âmes sont les Séraphins de la terre, le Chœur de l’Eglise
et le plus Saint Trône de la Majesté de Dieu. Mais dès l’heure où
ce feu consumant est allumé en elles, comme dans un autel des
holocaustes, Il en bannit toute matière étrangère et ne cesse de
les détruire jusqu’à ce que les ayant fait mourir à tout le monde et
à elles-mêmes, Il les fasse passer dans la parfaite Pureté.

                                           114
   109   110   111   112   113   114   115   116   117   118   119