Page 144 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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et humbles, et telles que le Saint Esprit les désire pour son siège
et pour son repos ne donneront point de bornes dans leurs cœurs
à l’amour de Celui qui n’en a point donné Lui-même à son humilité
ni à ses douleurs.

   Elles sauront que ce Divin Noé (cf. Gn 9, 21) s’étant enivré de
Charité envers des ennemis jusqu’à s’endormir nu du sommeil de
la mort dans sa tente, qui était la Judée, Il est incapable de toutes
les saintes et pures tendresses envers une épouse, qu’Il s’est
choisie pour faire paraître sa Gloire en elle, et dont Il a conservé
et enrichi l’innocence. Les grâces qu’Il lui faisait chaque jour
mériteraient toutes un discours particulier et ne seraient pas
indignes des lecteurs les plus sérieux et les plus doctes, mais si je
ne pressais cet ouvrage, il deviendrait immense et ennuyeux, et
l’on appréhenderait de voir ses richesses plutôt que de désirer les
connaître.

   Le Divin Epoux ne préserva pas seulement la pureté de cette
âme par le commerce continuel des Saints qui, pour la détourner
de la vie de la terre l’élevèrent à leurs adorations et à la société de
leurs plus hautes vertus, mais Il enrichit de telle sorte ces
entretiens du Ciel que, comme dit le Prophète : « chaque jour
annonçait sa grandeur à l’autre jour et chaque nuit apprenait à la
nuit suivante de nouvelles louanges » (cf. Ps 18).

   En la fête de la Dédicace des Eglises de son Ordre, Il lui assura
qu’elle serait son Temple et que son Esprit habiterait en elle, de
quoi son humilité surprise, à cause qu’elle voyait dans la lumière
de Dieu avec quelle majesté et quel épanchement de grâces Il la

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