Page 149 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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Une autre fois, comme elles étaient encore sur le même
discours à cause que cet état singulier tenait la Mère en un
continuel souci, la Petite fut encore élevée hors d’elle-même et dit
ces paroles : « Tous les jours, Dieu me fait quelque part du
bonheur que je dois espérer à jamais ; c’est un bienfait que je n’ai
pas mérité. Mais je ne suis plus de la terre, mon corps est retenu
ici afin que la Puissance de Dieu soit manifestée en moi ».

   Elle dit ces choses avec une telle plénitude de Dieu et dans un
si grand transport hors d’elle-même qu’un instant après, elle ne
sut pas si elle avait seulement parlé, si bien qu’elle servait d’un
pur instrument à son Divin Possesseur.

                             CHAPITRE V

        L’usage et l’éclaircissement des grâces précédentes.

   Si Jésus-Christ n’a reçu ses avantages de la main de Dieu son
Père que pour en faire part à ses membres, et si les Saints ne sont
élevés à des faveurs particulières que pour le bien commun de
l’Eglise, tout ce qui est écrit de leurs grâces ne l’est que pour une
instruction générale. Il doit en être de leurs vies, comme de celles
des Patriarches et comme de la Loi ancienne, de qui Saint Paul
dit que les moindres Paroles ont été écrites pour nous servir de
lumière et de doctrine, et que la consolation que nous trouvons

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