Page 52 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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Ce rapport qu’elle étendait aussi à tous ceux à qui elle pouvait
obéir, la tenait incessamment élevée à Dieu en leur présence, et
lorsqu’elle avait quelque occasion de les servir, elle s’y portait
avec une disposition si gaie, si humble et si sainte qu’une vertu si
accomplie passait la portée de son âge.
C’était une chose admirable de voir combien elle chérissait
l’obéissance, on ne pouvait rien commander devant elle qu’elle ne
courût pour l’exécuter, et autant que la plupart des hommes sont
pesants à obéir par une certaine paresse et par un orgueil secret
qui sont en eux, autant cette sainte âme faisait paraître de
diligence et d’humilité en ce pressant de pratiquer cette
soumission qui est, dit Saint Augustin (L. 8, de Gen. ad lit. c. 6), la
première, la mère et la gardienne de toutes les vertus.
La sainte inclination qu’elle avait à obéir était même si grande
qu’elle n’oubliait jamais rien de ce qui lui était commandé, et
lorsqu’il se présentait quelque chose que sa faiblesse ne lui
permettait pas de faire, l’amour de l’obéissance lui donnait des
forces pour l’accomplir. Aussi, Saint Etienne l’aidait en ces
rencontres et lui enflammait l’affection et le courage.
Je ne fais point de difficulté pour attribuer à cette grande
soumission d’esprit la modération et l’égalité parfaite que l’on a
toujours admirées en elle, car sans doute la douceur, la docilité, la
chasteté et le calme de toutes les passions sont les fruits certains
de cette vertu. En effet, si la révolte intérieure de l’homme vient de
sa rébellion contre Dieu, et si le combat de la chair contre l’esprit
est la punition de la première désobéissance, qui doute qu’un
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