Page 57 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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CHAPITRE IV
De sa charité envers les pauvres
et de ses grandes mortifications.
Comme l’Apôtre Saint Jean nous enseigne que Celui qui n’a
point d’amour pour son frère, qu’il a devant les yeux, n’aime pas
Dieu qui lui est caché (1 Jn 4, 20), ainsi nous pouvons dire que
celui qui aime son frère comme Jésus-Christ même, a un grand
amour pour Jésus-Christ. Mais si l’amour de notre prochain, quel
qu’il soit, est une grande preuve de l’amour de Dieu, celui que
nous avons pour un pauvre en considération de Jésus-Christ, est
un témoignage de la plus solide charité. Nous allons voir dans
notre sainte enfant des effets si nobles de cette vertu, qu’il n’y aura
personne qui ne juge que la seule grâce de son enfance, la peut
mettre au rang des âmes les plus signalées.
Le Saint Esprit, qui l’élevait pour une haute perfection, lui donna
un amour extraordinaire de la pauvreté. Il lui grava ce sentiment
dans le cœur que puisque le Fils de Dieu, quoi qu’héritier de tous
les biens de son Père, a voulu naître et demeurer toujours pauvre,
elle devait chérir cet état qu’Il a embrassé et sanctifié par son
exemple. C’est pourquoi sa plus grande consolation était de vivre
parmi les pauvres.
Elle faisait tout ce qui lui était possible pour se rendre semblable
à eux, et lorsque sa mère l’habillait selon sa qualité, elle en était
sensiblement affligée parce que, disait-elle Jésus-Christ dans sa
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