Page 58 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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Crèche, n’avait eu que de très simples drapeaux, et en rendant
cette raison, elle se sentait éprise d’un ardent désir de sa
pauvreté.
Cette impression de l’Etat du Fils de Dieu naissant et de
l’honneur qu’Il a fait aux pauvres de les considérer comme soi-
même, donnait à cette petite une telle tendresse pour eux qu’elle
se dérobait tout ce qu’elle pouvait pour leur donner.
Elle était d’ordinaire si dégoûtée qu’elle ne pouvait manger sans
se faire violence, toutefois, quand il lui prenait appétit pour quelque
chose, elle ne manquait pas de s’en abstenir et de le réserver pour
les pauvres. Ce lui était une extrême joie d’en rencontrer de petits,
elle leur faisait mille caresses, elle les embrassait tendrement et
les nettoyait avec plus de soin que leurs propres mères. Jamais
aucun de ces maux qui naissent de la misère et qui font soulever
le cœur aux personnes délicatement nourries ne refroidissait son
ardeur. Elle ne pouvait supporter qu’on leur parlât rudement, elle
leur allait chercher de petits brins de bois pour les chauffer, enfin
elle s’étudiait à leur rendre toute sorte de service, et en les portant
à son cou, il lui semblait qu’elle tenait Jésus-Christ enfant entre
ses bras.
Oserai-je déclarer qu’elle baisait même leurs ulcères et, ce qui
donne de l’horreur à y penser, elle les nettoyait avec sa langue ?
D’ordinaire, les grands pauvres ne le voulaient pas permettre,
mais elle savait les flatter avec tant de bonté, et la grâce qui
l’animait était si puissante qu’ils condescendaient à ce qu’elle
voulait.
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