Page 63 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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CHAPITRE V

    Tourments extraordinaires que les démons lui causèrent et
           patience admirable avec laquelle elle les souffrit.

   Il n’y a pas de malice ni de puissance au monde pareille à celle
des démons, et l’Apôtre représente le péril de nos combats par la
qualité de ces ennemis qui sont des principautés et des
puissances, des esprits qui habitent en l’air, et qui nous attaquent
sans être aperçus. Ce sont néanmoins ces Jébuséens que Dieu a
laissé pour servir d’exercice et pour exécuter les punitions qu’Il fait
de son peuple ; et plus les Saints leur résistent et les surmontent,
plus ils sont illustres parmi les enfants de Dieu. Nous lisons peu
d’exemples de personnes de son sexe, ni dans la Sainte Ecriture,
ni dans les Pères, qui aient soutenu contre eux de si longs et de
si rudes combats, que notre petite fille, ni qui en aient été si peu
distraits de l’Oraison.

   Dès l’âge de cinq à six ans, comme nous avons dit, elle fut
attaquée par les démons, leurs assauts s’augmentèrent à
proportion de sa grâce, et tous les jours, elle en souffrit de
nouvelles guerres. Car après la tristesse, les ténèbres, les images
affreuses, les cris et la puanteur, ils en vinrent jusqu’aux coups et
la battirent si cruellement qu’ils la laissèrent souvent meurtrie par
tout le corps.

   Lorsqu’elle revenait à soi après ces combats, elle était percluse
de tous ses membres et ne pouvait ni boire, ni manger, ni prendre

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