Page 66 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
P. 66

une extrême violence, néanmoins cette enfant n’a jamais cherché
de consolation dans les créatures. Même tant s’en faut qu’elle
s’occupât l’esprit de son mal, ni qu’elle chérît l’occasion de le
raconter, comme c’est la passion de toutes les personnes
affligées, principalement de celles de son sexe ; qu’au contraire
elle était bien aise de se voir seule dans les tourments et de n’être
aperçue que de Jésus-Christ et des Saints.

   Dieu agissait en elle de manière fort secrète, la nourrissant
dans les croix sans douceur et sans aucun sentiment de sa grâce,
si ce n’est à l’extrémité, et encore la tenait-Il dans une simplicité si
parfaite qu’elle ne faisait point de réflexion sur ses peines ni sur la
manière dont elles finissaient.

   Sainte Thècle lui fut donnée dès le commencement pour la
défendre des démons et pour conserver son esprit uni avec Dieu.
Cette Sainte ne l’abandonnait jamais et son soin était de lui
communiquer une grâce qu’elle a possédée par excellence, à
savoir la force de la Foi au milieu des ténèbres et des douleurs.

   Cette petite ayant perdu sa mère à l’âge de dix ans et quelques
mois, jugea aussitôt qu’elle en devait demander une autre à Dieu
dans le Ciel. C’est pourquoi dès le lendemain, elle s’en alla à
l’Eglise devant un autel consacré à Dieu en l’honneur de la Sainte
Vierge et, se prosternant devant son image, dit, toute hors d’elle-
même et transportée par l’Esprit de la grâce qui la préparait à
l’Adoption céleste : Sainte Vierge, faites-moi la Miséricorde de me
servir de Mère désormais et de me donner l’Entrée dans la Sainte
Maison de vos Filles.

                                           66
   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71