Page 65 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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Jacob, jusqu’à ce qu’elle eût remporté la bénédiction de l’Ange.
Enfin le Fils de Dieu, vaincu par la grandeur de sa foi, se montrait
à elle et lui disait avec un épanchement d’amour pareil à un torrent
qui a surmonté ses digues : Lève-toi promptement, mon Epouse,
ma bien-aimée, ma colombe (Ct 2), et l’emportant par la
véhémence de son esprit devant le Très Saint Sacrement de
l’Autel, il se passait en ce lieu des choses dignes de la charité d’un
Dieu. On ne saurait dire combien elle se sentait rompue lorsqu’elle
se levait pour y aller, ni quelle violence les malins esprits lui
faisaient pour l’arrêter. Ils redoublaient leurs attaques et leurs
persécutions, ils se rangeaient autour d’elle comme en bataille,
mais lorsqu’elle approchait de l’Eglise malgré tout l’enfer qui
frémissait de rage à la porte, il lui semblait qu’il sortait du Saint
Sacrement comme un rayon qui chassait les démons dans l’abîme
et qui, se répandant sur elle, rétablissait son corps et enrichissait
son âme d’un trésor de pur amour.

   Ce remède lui était si ordinaire qu’elle n’a été délivrée du travail
presque continuel des démons durant l’espace de cinq ou six ans
que par cette divine vertu. Lors même qu’elle était attaquée la nuit
ou en quelque autre temps auquel elle ne pouvait se rendre à
l’Eglise, Jésus-Christ ne laissait pas de lui donner le même
secours après qu’elle avait combattu longtemps et que ses forces
étaient épuisées.

   Certes, il ne faut pas s’étonner si le Fils de Dieu, Auteur et
Spectateur de ces combats, se rendait aussi son protecteur. Car
bien qu’ils aient duré plusieurs années et qu’ils soient parvenus à

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