Page 73 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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lui avait paru comme une flamme d’amour qui était venue
l’embraser, et comme un éclat de la Royauté du Ciel qui avait
dissipé ses ennemis.
D’ailleurs, les longues oraisons qu’elle avait faites jour et nuit
depuis cinq ans lui avaient acquis cette grande connaissance,
dont elle ravissait et instruisait tout ensemble celles qui étaient
destinées à être ses Maîtresses.
Cette journée fut une grande fête pour elle et la veille d’une
seconde encore plus grande. Tout l’amour de Dieu qu’elle avait
jamais eu dans ses oraisons et, par les grâces que le Saint
Sacrement lui avait communiquées, se renouvela, et comme s’il
n’eut été encore qu’un bouton, il commença à s’ouvrir comme une
fleur et à faire paraître ses richesses.
L’expérience lui ayant déjà fait connaître très clairement ce
Divin Libérateur, elle désira son avènement en elle avec une force
qui ne se peut expliquer. Car tout ce que l’ambition inspire d’ardeur
pour une couronne espérée et le chaste amour de passion pour
un Epoux illustre fort attendu, n’est en rien comparable au zèle
avec lequel cette sainte âme soupira après le Roi du Ciel. Elle n’en
dormit point la nuit, son oraison dura deux fois autant qu’à
l’ordinaire, et nous pouvons dire d’elle ce qui est dit de l’Epouse
du Cantique, que s’étant retirée après sa longue prière, au lieu de
s’assoupir, elle chercha le Bien-Aimé de son âme (Cf. Ct 3, 1).
Ce n’étaient plus les rayons de son visage qu’elle attendait pour
rétablir ses forces perdues, c’était la Source même de la lumière
et de la vie qu’elle était prête de posséder. Ce n’étaient plus des
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