Page 77 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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Et Il la mena sur ce Thabor afin de la préparer, comme ses plus
chers Disciples, à de grandes croix.
Ce qui pourrait surprendre nos esprits, c’est le langage qu’Il lui
tint, car l’appelant son Epouse, Il lui promit de la prendre pour sa
fille. Si elle était son Epouse, comment pouvait-elle être sa fille ?
Et si, dans le cours de sa grâce, elle devait avoir cette qualité de
fille, comment sera-t-elle associée au mystère de l’enfance, ainsi
qu’elle doit être toute sa vie, puisque ce n’est pas comme enfant
que Jésus est notre Père ?
Mais ces alliances qui se combattent parmi les hommes,
s’accordent admirablement en Jésus-Christ. Il est Père comme
nouvel Adam qui nous régénère par la vertu de son Esprit, et nous
donne ses inclinations et ses mouvements. Et il est Epoux comme
nous rendant, comme dit Saint Paul, La chair de sa chair et l’os de
ses os, ce qui avait été représenté en quelque sorte par Eve, sortie
de son mari.
Ce n’est pas néanmoins, à mon avis, de cette nouvelle
naissance que nous tenons du Fils de Dieu qu’Il voulut parler à
Sœur Marguerite, lorsqu’Il lui promit de la prendre pour sa fille. Il
eut dessein plutôt de lui témoigner qu’ayant perdu sa mère en la
terre, non seulement elle en aurait une autre dans le Ciel, mais
qu’elle y aurait aussi un Père.
Il la consola donc dans sa perte et prit occasion de sa douleur
pour lui faire entendre qu’Il lui ferait tout ce qu’elle avait regretté
en sa bonne mère, et qu’elle trouverait en sa grâce toute sorte de
protection et d’appui. Il voulut dire qu’Il avait tant d’amour pour elle
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