Page 82 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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La joie la transportait lorsqu’elle entendait parler de Dieu. Son
humilité était si profonde et la connaissance d’elle-même si claire,
qu’en disant ses fautes, elle remplissait la Communauté de ferveur
et de lumière. Comme la Supérieure s’aperçut que son esprit était
incessamment occupé, elle l’associa à toutes les Officières du
Couvent pour la divertir. Mais cette Enfant ne s’en donnait pas
pour cela plus de liberté, car elle se comportait avec tant de
respect et de considération envers toutes les Sœurs, qu’elle
n’allait jamais qu’aux endroits où elle leur pouvait rendre quelque
service, et c’était principalement à balayer ou à secourir les Sœurs
du voile blanc, qu’elle s’employait avec plus de plaisir.
Elle se rendait si exacte aux moindres choses et paraissait si
judicieuse qu’il semblait qu’elle fût une fille de trente ans. On la
voyait toujours dans une grande confusion d’elle-même et dans
une mortification si grande que, ne pouvant plus faire la guerre à
ses sens en la manière que nous avons vue qu’elle faisait avant
qu’il lui eut été défendu, elle ne laissait pas de faire pénitence en
toutes rencontres lorsqu’elle en avait la permission. Il ne se
pouvait rien ajouter à l’exactitude de son obéissance ni à son
amour envers les Sœurs. Elle était indifférente à tout et rien ne
troublait son égalité d’esprit ni sa ferveur. Sa prudence sur tout
paraissait si extraordinaire que toute la Maison la regardait comme
une lumière, et chacune tenait à grande bénédiction de converser
avec elle.
On n’a jamais pu reconnaître qu’elle désirait une chose plutôt
qu’une autre, ni qu’elle eut d’affection particulière pour quelqu’une
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