Page 74 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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martyrs qui devaient animer son esprit languissant, c’était la force
même des martyrs qui se venait écouler dans son corps et dans
son âme. Il me semble que son cœur disait : Qu’Il vienne, qu’Il
vienne ce désiré des nations et qu’Il me donne les baisers de sa
propre bouche. (Cf. Ag 2, 8 et Ct 1, 1).

   La Sainte Vierge, comme une Mère qui pourvoit aux noces de
sa fille, prépara son cœur à recevoir son Epoux céleste, et Saint
Etienne, son Patron, enflamma ses désirs et son amour pour
célébrer un si chaste et si divin Mariage. Cette pure Mère qui n’a
pas reçu avec moins de sainteté Jésus-Christ, comme son pain
que comme son fruit, et qui sait mieux que personne de quelle
sorte Il donne la vie à ses enfants, lui fit comprendre que non
seulement elle se devait unir à Lui par une Alliance éternelle qu’Il
scellerait de son propre Sang, mais encore par beaucoup de
considérations particulières. Qu’elle devait s’abandonner à sa
divine Puissance, comme une simple matière sur laquelle Il
imprimerait toutes les formes qu’il Lui plairait. Qu’il fallait qu’elle
s’offrît avec Jésus-Christ au Père Eternel pour honorer sa divine
pureté et la droiture de son Esprit tous les jours de sa vie, et que
pour cette fin, elle se donnât au même Fils de Dieu pour avoir part
à son innocence.

   Qu’elle devait Le recevoir comme une Source de simplicité
céleste, qui arrosât son âme par ses eaux sacrées. Que la force
et la vigueur qu’elle devait puiser dans ce Principe de Vie n’étaient
que pour la maintenir dans une Enfance en laquelle Il règnerait
plus puissamment que dans la plus éclatante grandeur ou dans la

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