Page 89 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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qu’après que l’Enfer eut jeté tout son venin, cet esprit tranquille,
revenant de sa longue contemplation, ne parla que le langage du
Ciel. Mais ce qui nous doit particulièrement toucher, c’est que
parmi ces attaques des démons, le Fils de Dieu ne lui mit pas
seulement ses paroles dans la bouche, mais encore Il lui mit ses
conseils dans le cœur. Ce fut alors qu’Il lui fit faire mille sacrifices
d’elle-même, afin qu’elle fut consommée dans la grâce des
Mystères de son Enfance et de sa Passion, en quoi consistait ce
conseil qu’Il projetait en ce temps-là et dont nous verrons
l’exécution dans la suite.

   Il ne faut pas laisser sans considération une autre merveille qui
reluit dans cette guérison, c’est que le Fils de Dieu, ayant voulu
redonner la parole à cette petite par la vertu du Très Saint
Sacrement de l’Autel, ce fut par la Livrée de la Très Sainte Vierge
qu’Il lui donna la liberté entière des sens et du mouvement. En
cela, Il voulut partager la protection de celle qu’Il avait prise pour
sa fille avec sa Sainte Mère, qui lui avait témoigné une semblable
bonté. Et cette Sainte Vierge fit paraître qu’Elle redouble ses soins
pour ceux qui portent son habit, qui est le Scapulaire. Je sais que
des esprits du monde peu accoutumés à s’appliquer aux œuvres
de Dieu, m’accuseront de superstition de m’arrêter à des choses
qu’ils estiment si petites.

   Mais qu’ils jugent tant qu’ils voudront selon leur lumière, pour
moi je trouve que tout est grand dans la conduite de Dieu sur les
Saints et si je suis trompé dans mes pensées sur celle dont j’écris

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