Page 93 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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dans l’épaule gauche, il se fit ensuite une forte contraction des
pieds et des mains durant laquelle les ongles lui entrèrent presque
dans la chair.
Des extrémités, le mal se porta jusqu’au cerveau où il causa
des frayeurs et des rêveries étranges par le transport des fumées
malignes qui émurent et qui infectèrent les esprits. Toutefois, ce
ne fut que comme ces nuages qui passent devant le soleil en un
beau jour et qui se retirent en un instant.
Ce qui étonna le plus les médecins et qui leur donna sujet de
croire que le mal était surnaturel et vraiment sacré, c’est que la
malade ne perdit jamais la modestie religieuse, ni ne manqua en
rien à l’obéissance, ni à la douceur, ni à aucune autre vertu, ce qui
ne se peut naturellement dans ce genre de travail où l’on n’est pas
maître de soi-même.
Tout son recours après avoir souffert très longtemps était au
Très Saint Sacrement de l’Autel. Lorsqu’elle n’en pouvait plus, on
l’entendait s’écrier avec l’amour d’une âme ravie : Allons, allons
quérir des forces devant le Très Saint Sacrement.
Quelques Sœurs, l’ayant entendue répéter ces paroles
plusieurs fois, se résolurent de la porter au Chœur, mais
lorsqu’elles pensèrent la prendre entre leurs bras, il n’y en eut
aucune qui pût seulement la soulever. Les démons la retirèrent
avec une violence manifeste et qui était sentie par ces filles
charitables, dont la plus forte eut des peines qui ne peuvent se
dire à la transporter quoiqu’elle fût toute atténuée de tant de maux.
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