Page 94 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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Les malins esprits, ne pouvant souffrir qu’elle approchât de
l’Autel, firent tous leurs efforts pour l’effrayer. Ils se rangèrent
comme en bataille devant la porte du Chœur pour l’empêcher d’y
entrer. Les uns la mordirent de rage, les autres la frappèrent
cruellement, les autres la blessèrent au bras où en effet les
marques parurent, les autres l’environnant tâchèrent de
l’épouvanter par leurs regards terribles. Mais aussitôt qu’elle fut
près de la porte, il sortit comme une nuée lumineuse du
Tabernacle qui l’environna et qui écarta les démons.

   Cette nuée ne donna pas seulement la force à son corps, mais
elle lui communiqua une espèce d’agilité car en un instant elle fut
lancée de la porte du Chœur et quelquefois du Cloître même,
jusqu’à la grille d’auprès de l’Autel. Et souvent, ce furent des
Anges, à ce qu’elle a témoigné, qui la transportèrent de la sorte.
Là il se passa tant de merveilles qu’elles découvrent
manifestement quels étaient ses ennemis. La paix miraculeuse où
elle se trouva en un instant n’était pas une faible marque que la
guerre qui lui était faite hors de là surpassait l’ordre de la nature.

   Il est certain que par l’obstruction des nerfs, elle avait perdu
l’usage de la vue. Les épreuves qui en furent faites par les
Religieuses leur en donnèrent, à ce qu’elles assurent, des
convictions manifestes. Toutefois, quoiqu’elle n’aperçût rien de la
terre, elle voyait le Très Saint Sacrement lorsqu’Il était exposé et
une fois, elle s’écria avec une admirable ferveur d’amour :

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