Page 97 - Vie de sœur Marguerite du Saint Sacrement, par le Père Amelotte
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dans les attaques manifestes qu’ils ont données à notre Petite,
quelle est leur funeste intention et de voir, en celle de qui ils n’ont
pu entamer la sainteté, quelle est la misère de ceux qu’ils souillent
et qu’ils corrompent.

   Nous considèrerons ensuite les secrets de la grâce de cette
âme illustre et les merveilles que le Fils de Dieu a fait paraître en
lui donnant sa sainte protection.

   Nous avons vu que les diables lui fermèrent tellement le
passage des esprits qui du cerveau doivent se répandre par tout
le corps qu’elle en devint non seulement insensible, mais si
pesante que les Religieuses eurent grand-peine à la porter. Le
poids néanmoins ne fut pas venu de la seule interruption du cours
des esprits, bien qu’elle rende le corps massif et épais, si les
démons n’y eussent ajouté une résistance qu’ils firent à ces
charitables filles. Par l’insensibilité, ils s’opposèrent, autant qu’il
leur fut possible, à la vivacité de l’amour de cette sainte âme qui
employait toutes ses facultés pour la gloire de son Epoux, et par
la pesanteur, ils tâchèrent d’arrêter le vol de son âme qu’ils
voyaient pleine de zèle pour Jésus-Christ, et agile comme la
flamme pour s’élever dans le Ciel. Par cet état même visible où ils
la réduisirent, ils marquèrent l’état secret et invisible dans lequel
ils sont eux-mêmes, et où sont tous les hommes qu’ils
s’assujettissent par le péché qui est une incapacité de rien sentir
dans la vie de la grâce, et un poids qui les abaisse vers le néant.

   Après les ténèbres et la pesanteur, ils lui causèrent de grandes
convulsions par tout le corps, ce qui fut un tableau de la violence

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